Pendant des mois et des mois, les pas de Nicolas Martel sillonnent la ville de Québec. Ses marches photographiques explorent systématiquement toutes les rues du dense tissu urbain en épousant le tracé quadrillé du centre-ville. Dans les méandres de sa promenade, il sonde la morphologie architecturale des quartiers centraux ; il en scrute le langage visuel spécifique via le cadre de son appareil photographique.
Martel recherche des vues circonstancielles, le viseur s'aligne sur la rectitude des détails architecturaux et le capteur enregistre la lumière solaire qui rehausse la texture des façades urbaines. La rigueur de déplacements aux foulées méthodiques s'allient aux impulsions du regard en quête de points de vue qui échappent ordinairement à l'attention des passants habitués.
Les perspectives glanées révèlent des fragments singuliers de la mémoire urbaine, rassemblent les détails hétérogènes des usages de lieux habités, et dessinent des compositions architectoniques étonnantes du paysage citadin. Ces trouvailles visuelles s’accumulent d’un quartier à l’autre pour dresser un répertoire à la fois tributaire et inconditionné, un inventaire arbitraire.
C’est dans un ambitieux livre que sont réunies ces milliers de photographies, six images par page assemblées, et regroupées en quartiers urbains comme autant de chapitres d’ambiances distinctives. Tiré en un seul exemplaire, ce recueil devient l’unique témoignage du travail d’archives visuelles opéré par Martel, puisqu’entre-temps, il a procédé à la destruction de tous les fichiers sources.
Cette disparition des images numériques d’origine est suivie par la dissémination des pages du livre offert à l’effeuillage. L’atlas photographique sera divisé parmi les convives, puis les pages s’éparpilleront dans leurs foyers. Morcelé, l’inventaire disparaîtra pour que vive la mémoire urbaine de la ville de Québec sous d’autres formes; comme une mémoire collective à la fois dispersée et partagée.
Gentiane La France








